L’usage au coeur de l’espace paysager

29/11/2019

Auteur(s) : Hervé der Sahakian

Lieu(x) : Saint-Raphaël

Structure(s) : FFP PACA-Corse, MAV PACA

Durée : 26m29

Version 3 min

Hervé der Sahakian (https://www.dersahakian.com) est paysagiste et lauréat des AJAP 2018.

Conférence proposée dans le cadre des rencontres architecturales de Saint-Raphaël (Var)  en partenariat avec le CAUE83, la ville de Saint-Raphaël et la MAV PACA.

 

PORTRAIT de Hervé der Sahakian dans le cadre des AJAP 2018

Hervé Der Sahakian se voit comme un paysagiste appliqué, sans aspérité. On lit plutôt dans son parcours une remarquable détermination à ne jamais quitter la garrigue provençale. Aujourd’hui, il se méfie de l’ordinateur « qui aspire l’énergie ». S’il se concentre plusieurs jours sur l’écran, arpenter les bosquets de chênes verts finit immanquablement par le démanger. Hervé a choisi le lycée agricole pour être dans la nature ; le BTS aménagements paysagers pour apprendre à la modeler ; l’école de Lullier à Genève, car il préfère le projet au chantier. De cette formation exhaustive, il tire un savoir-faire d’artisan des jardins autant que de concepteur. Précis dès les esquisses, il se soucie de la faisabilité d’un dessin, calcule les hauteurs, vérifie les correspondances de niveaux. Il sait les dangers d’un appauvrissement des idées que fait planer cette extrême anticipation de leur exécution. Télescoper représentation et réflexion est un moyen pour lui de tenir ses propositions. Face à cette maîtrise, on pourrait s’étonner qu’il revendique une logique émotionnelle et une tâche poétique, celle de révéler la beauté d’un site. Son approche est bel et bien sensible. Aux architectes avec lesquels il collabore, il propose une visite commune du site. « Partager le ressenti permet d’estimer ensemble ce qui mérite d’être conservé ou révélé. Ainsi, le paysagiste n’est pas un faire-valoir mais fédère une logique globale », garantit Hervé. Ensuite, la conception est une pratique d’endurance intériorisée. Il pose des traits puis laisse reposer l’ouvrage avant d’y revenir, le projet se creusant en même temps que le dessin. La représentation lui sert aussi à développer une « pédagogie subliminale ». Pour illustrer la renaturation des berges d’une rivière, il réalise une coupe avec la ville en fond de scène. De quoi offrir aux habitants des vues qu’ils ne voyaient plus. « En tant que paysagiste, nous savons scénographier des espaces, rythmer des parcours. Il faut accepter d’être un peu le poète de l’histoire pour défendre l’ambiance, le sens et la structure des lieux ». Hervé revendique une vision anthropique du paysage. Qu’importe la typologie de l’espace à aménager (jardin privé, public, patrimonial ou d’une opération immobilière), ce sont les usages à installer qui importent. Lorsqu’il travaille pour des privés, il est attentif à leurs modes de vie, pour façonner un lieu qui les accompagne. Quand il faut faire un espace collectif, il s’attache à donner forme concrète au fameux « vivre ensemble », à imaginer des scènes de vie abritées sous une treille, autour de jardins partagés. Dans son « atelier d’architecture du paysage », Hervé navigue entre le romantisme jardinier et l’assurance nécessaire à une composition expressive. « Je suis un paysagiste qui aime construire des murs », avoue-t-il finalement, presque surpris par son aplomb.

Hervé Der Sahakian (1984) est diplômé de la Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève, Centre de Lullier, en 2008. Il s’installe en indépendant à Marseille en 2014.

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